« So I will live my life. Know that I have just one chance to make it right. » Voilà comment je me réveillais. La radio passait les tubes de Trading Yesterday, un de mes groupes préférés, et évidemment, je fus heureuse de me réveiller avec cette mélodie. Tout en chantant, je me redressais dans mon lit et essayait tant bien que mal de me lever pour me diriger vers la salle de bain. En vain. Je n'avais aucune force, c'était impossible. Ce camp commençait sérieusement à me taper sur les nerfs, même si ça ne faisait que deux jours que j'étais arrivée, avec mes trois soeurs et mon frère. Ces trois pestes continuaient à me pourrir la vie, mais heureusement que Nathaniel était là pour me secourir. Il avait toujours été là pour me sauver. Il avait toujours été de mon côté, jamais il ne m'avait quitté ou abandonné. Et pour ça, je l'aimais plus que tout. Un petit peu trop depuis qu'il m'a annoncé qu'il n'est pas mon frère biologique. Moi qui ait toujours pensé qu'on ferait un beau couple si on était pas frère et soeur, voilà qu'on ne l'est pas ! C'est assez perturbant, et je dois avouer que j'y pense souvent. Si je n'avais pas autant de traumatisme dans ma vie, j'en dormirais mal la nuit. Car je dors déjà mal la nuit, à cause de ce qui s'est passé dans ma vie. Notamment une épreuve que j'ai dû traverser à cause des conneries de Nathaniel. Une overdose qui a failli le tuer. Je me rappelle du coup de fil des médecins, qui m'avait dit que dans un formulaire qu'il avait déjà rempli à l'hôpital, il n'avait mis que mon prénom pour les personnes à prévenir en cas d'urgence. Je me rappelle lorsque je suis arrivée dans la chambre et que je l'ai vu, allongé sur le lit d'hôpital, inconscient. Puis il y a eu les attentats du 11 Septembre. J'en fais encore des cauchemars qui me réveillent en pleine nuit, trempée de sueur. J'aurais pu mourir, j'aurais dû mourir. Si mon oncle n'avait pas eu une heure supplémentaire, je ne serais plus de ce monde...
Cette pensée me donna la force de me lever. J'avais trouvé ce que je ferais de ma journée, même si ça n'était pas très joyeux. Me préparant pendant une bonne heure, je ressortis de la salle de bain habillée d'un jean foncé, et d'un haut bleu à manche longue, ainsi que mes cheveux blonds détachés et ondulés. J'enfilais mes ballerines, puis sortit de ma chambre après avoir attrapé mon sac à la volée.
Sur le chemin, je m'arrêtais au café du coin pour me prendre un café à emporter. J'avais pas mal galéré pour commander ce fichu café. Je ne parlais pas très bien le français, mais bon, tout le monde disait que l'accent New Yorkais était à tomber, donc je faisais un effort. Après ça, je demandais au moins trois fois aux passants où se trouvait le lieu que je cherchais.
Après pas mal de temps à essayer de trouver mon chemin, j'arrivais enfin devant l'immense entrée du cimetière. J'en eux des frissons. Vous vous demandez sûrement ce que je pouvais bien faire au cimetière. Un collègue de mon oncle, et aussi son plus proche ami, que j'adorais, est mort dans l'attentat du 11 Septembre. Il était Corse, et était venu s'installer à New York pour sa carrière. Il avait précisé à sa femme qu'il voulait être enterré en Corse, et ce fut chose faite. Penser à sa famille me donna un nouveau frisson. C'était horrible. Pourquoi un homme si honnête et si aimant envers sa famille était-il mort, alors que des cons qui s'amusent à faire des attentats sont toujours dans la nature ? J'avançais dans les allées, essayant de repérer sa tombe. Et enfin, je la trouvais. « Beloved husband and dad. » Voilà ce que l'on pouvait lire sur sa pierre tombale. Une larme coula sur mes joues. C'était une mauvaise idée de venir là. Tous ces souvenirs remontaient à la surface. Je ne me sentais pas bien. Je m'assied et essaya de reprendre ma respiration. Je sortis mon portable de mon sac, les mains tremblantes, et appuya sur une touche raccourcie. « Allô Jules ? (...) Oui, oui, ça va. J'ai juste besoin que tu viennes me chercher. (...) Au cimetière. Dépêche-toi s'il te plaît. (...) »
Au bout de quelques minutes, je vis une chevelure brune apparaître. Mes yeux s'écarquillèrent, et mon coeur commença à battre. J'étais toujours dans cet état quand je le voyais. J'essaya de me lever, mais mes jambes tremblaient tellement que je retombais. Quand il arriva à ma hauteur, j'utilisa toutes mes forces et me levais pour atterrir dans ses bras. « Jules ! » Je commença à pleurer, ma tête blottit au creux de son cou. J'étais tellement mal, et je savais qu'il comprendrait. Il savait ce qu'il s'était passé ce jour-là, et il savait mieux que quiconque me consoler. Je relevais la tête et grimaça, passant ma main sur sa chemise. « Désolé, je t'es mouillé... » J'échappais un rire minuscule en essayant mes larmes, puis le regarda dans les yeux. « Merci d'être venu... »
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